Une ronde d'enfants autour de la terreUne ronde d'enfants autour de la terre
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Carnet de route de l'Inde – Bénarès

Du 11 Mars au 01 Avril 2006


Les bords du Gange, rivière sacrée à Bénarès
Ruelles aux véhicules à deux roues mais aussi troupeaux de zébus, vaches...
Raphaël et d'autres touristes après le défilé de Holi avec les indiens
Les femmes se lavent habillées
Séance de Hatha yoga devant le temple de notre Guruji au petit matin
Petite présentation en anglais de Florine sur la musicothérapie et l'enfant handicapé
Deux salles exigues sans fenêtre pour accueillir les enfants
Séance de groupe où on essaye de revaloriser chacun à tour de rôle
AAAAAAAh !
Les musiciens d'un côté, les danseurs de l'autre

L'ambiance de Bénarès


A la gare ferroviaire de Varanasi (aussi appelée Bénarès ou Kashi), nous cherchons des yeux les troupes de policiers mais le calme semble être revenu après les attentats survenus quelques jours auparavant.

Nous choisissons de séjourner à 2 kms au sud des étroites ruelles du centre ville, pour plus d'authenticité. Devinant nos envies de verdure, notre rickshaw-wallah nous conseille un vrai petit paradis près de Anandmayee Ghat : une guesthouse calme car un peu à l'écart des rues animées, propre, et surtout avec un jardin. De quoi se refaire un petit chez nous.


Bénarès, cité de Shiva, est la ville la plus sainte de l'Inde. Tous les indiens espèrent venir au moins une fois se baigner dans le Gange, fleuve sacré qui lave de tous les pêchés.

Nous nous promenons pour prendre des repères. Au bord du Gange, les Ghats, escaliers permettant d'accéder au fleuve, et temples se succèdent. Dans la ville, la plupart des véhicules sont des deux roues et les vélos sont nombreux. Il est fréquent de s'écarter sur le passage d'une vache, un zébus, un troupeau de buffles conduit par un enfant, et il faut sans cesse slalomer entre bouses, vendeurs qui aspergent de l'eau devant leur boutique pour éviter que la poussière n'entre, et processions funèbres lors desquelles le corps paré de dorures est porté jusqu'au Ghat de crémation ou simplement au Gange pour un ultime bain sacré.


Très vite, nous nous faisons à l'atmosphère conviviale de Bénarès, où personne n'est regardée bizarrement quelque soit son accoutrement.

Pendant notre première semaine, nous assistons à la fête Holi, ou fête des couleurs. Cette fête est le jour de l'année où les hommes « se lâchent ». Les femmes restent dans les maisons, qui par sécurité sont closes, tout comme notre auberge. Seuls quelques touristes hommes, dont Raphaël, sortent dans la rue pour participer au défilé. Tout le monde chante, danse, répète de courtes prières, et surtout reçoit des seaux d'eau colorée lancés par des habitants du haut du 1er étage. Les petits et grands enfants sortent leur pistolet à eau et tirent sur tout ce qui bouge ! Ce jour là, toutes les inhibitions sont enlevées : certains boivent de l'alcool uniquement ce jour, d'autres se travestissent, etc...


Le rythme indien...


Un matin, à 6h, nous montons dans une petite embarcation pour une escapade sur le Gange au lever du soleil. A chaque Ghat, des hommes et des femmes se lavent le corps ou les dents, nettoient leur vêtements, prient, font du yoga ou de la méditation. Il y a aussi des fours crématoires où les corps des défunts sont brûlés. Découvrir cette vie, cette culture religieuse encore très ancrée est très surprenant.


Selon la tradition indienne, nous nous initions à la pratique du Hath Yoga avec Guruji, notre professeur. Tous les matins à 7h, nous enchaînons les Asanas, postures, nécessitant toujours plus de concentration, de maîtrise de la respiration et d'entraînement. Raphaël poursuit l'enseignement du Tabla, entamé à Pondichery et Bombay, avec un nouveau professeur. La difficulté a été de trouver une personne jouant le style de Bombay (Dehli Garana) et non celui de Varanasi, bien différent.


Avant que Gisell, maman de Florine ne quitte l'Inde, nous souhaitons acheter quelques tissus pour notre mariage et imprimer nos faire-parts pour que cet événement soit à sa manière un peu indien. Ayant nous même travaillé la conception graphique de nos cartes d'invitation, nous exigeons une impression de qualité. Malheureusement, nous nous apercevons que la conscience professionnelle indienne en matière de qualité n'est pas du tout la même selon les lieux. Nous perdons donc beaucoup de temps et d'énergie pour trouver le matériel adéquat et les gens qualifiés. Chaque déplacement nous prend une demi-journée. Il nous faut constamment être derrière pour superviser le travail, sans quoi il serait fait au moins fatiguant ! Bref, autant vous dire qu'il est difficile de garder son sang froid dans ces conditions, quand le temps est compté. Nous comprenons avec du recul que notre fonctionnement et nos exigences occidentales sont difficiles à appliquer dans la société indienne. Une bonne leçon !


L'association DEVA Mental Care


Une fois bien installés, nous cherchons une association où proposer nos interventions musicales. Nous découvrons sur internet, l'association DEVA menée par le docteur Tulsi, psychologue indien.

A l'issue de sa formation, il décide de créer une structure pour enfants handicapés. En 25 ans, aidé financièrement par des européens, il met en place 7 autres projets correspondant aux différents problèmes de Bénarès : une structure pour enfants des rues, une école dans un village pauvre, une clinique de rue pour les lépreux, un centre rural pour jeunes filles...


Nous sommes fascinés par l'histoire de cet homme qui a décidé d'aider les siens. En Inde, ce sont trop souvent des étrangers qui sont à l'origine des associations de solidarité. Le docteur Tulsi, qui s'avère très simple, ouvert et joyeux, écoute notre projet avec attention et nous ouvre les portes de sa structure. Nous choisissons donc dans un premier temps de travailler au siège, avec les enfants handicapés. Nous aurons tout le loisir de visiter ses autres actions dans les semaines à venir.


En effet, notre voyage est maintenant plus près du retour que du départ (plus que 3 mois sur la route) et nous ressentons le besoin de nous poser un peu plus longtemps dans cette ville pour prendre le temps de vivre l'Inde et non de la visiter. Nous sommes un peu fatigués de prendre la route toutes les 2 semaines. Le Népal devait être notre prochaine étape mais de peur de se retrouver coincés comme en Bolivie à la Paz, au milieu des problèmes politiques, nous préférons changer notre programme. Pour la première fois dans notre parcours, nous ne savons pas précisément où nous irons ensuite... Nous restons donc là où nous nous sentons bien et attendons que ce lieu « vienne à nous » !

Nous programmons de travailler deux semaines avec les enfants handicapés.


« My job is musictherapist »


Le docteur Tulsi nous invite à participer à un séminaire sur le handicap à la faculté de l'éducation : « National seminar-cum-workshop on Early identification, intervention and curricular needs of children with special need ».


Sur deux jours, ce congrès réunit des professionnels du handicap, des ONG et structures de l'Inde entière. Les conférences se succèdent et nous essayons de comprendre selon la langue utilisée (anglais ou hindi). Nous sommes les seuls étrangers. Le premier soir, le docteur demande à Florine de préparer pour le lendemain une courte présentation de l'intérêt de la musicothérapie auprès des enfants handicapés et de notre projet. Contente mais un peu intimidée, elle prépare avec l'aide de Raphaël un petit discours en anglais accompagné de photos de notre travail autour du monde.

Le lendemain, la présentation se passe bien, nous insistons sur la différence entre music teacher (professeur de musique) et musictherapist (musicothérapeute). Au vu des applaudissements, le court exposé semble avoir plu... A l'issu de la session, quatre personnes viennent demander nos coordonnées et nous invitent à venir travailler dans leur centre, malheureusement un peu loin géographiquement de Bénarès.


En Inde et comme dans beaucoup d'autres pays, il n'existe pas de formation de musicothérapeute. En revanche les indiens sont très intéressés et ouverts à cette thérapie. Une étudiante vient même nous poser des questions car elle écrit justement un mémoire sur l'effet de la musique et les enfants handicapés.


Entrer dans l'équipe...


Le docteur Tulsi a un cabinet privé et supervise les actions, il ne travaille donc pas directement avec nous. Les enfants handicapés du centre ont entre 6 et 25 ans. Beaucoup de professionnels les encadrent : orthophonistes, physiothérapeutes, éducateurs spécialisés, enseignants... Bien que généralement une vingtaine, les enfants sont parfois aussi nombreux qu'eux. Les deux salles pour les accueillir sont exiguës, avec de toutes petites fenêtres.


La journée commence par la prière dans le noir suivie du yoga. Les éducateurs nous semblent d'abord très sévères avec les enfants. Nous comprendrons plus tard que c'est pour nous montrer une bonne image de leur travail.

Nous demandons à faire des petits groupes de 3 ou 4 enfants pour une meilleure expression de chacun selon son handicap. Les éducateurs ne comprennent pas l'anglais, et tout le monde est assis, attendant que nous chantions ou dansions. Premier contact oblige, ils ne savent pas ce que nous proposons et semblent intrigués. Les éducateurs restent les bras croisés pendant que les enfants chantent avec nous, quand ils ne prennent pas leurs mains pour les forcer à faire les gestes à leur manière. Difficile à faire comprendre de laisser chacun faire comme il le sent.


Assurer la continuité des ateliers...


Avant les séances suivantes et malgré la réticence des encadrants, nous insistons pour les petits groupes. Plus confortables, nous pouvons adapter notre travail pour chacun et une éducatrice participe avec nous. Certains enfants inhibés qui jusque là ne semblaient pas intéressés par la musique se lancent petit à petit. La jeune Anita n'ose pas jouer ou chanter quand on la regarde. Pour l'intégrer nous tapons des rythmes avec les autres, la mettant un peu de côté et déposons la guitare près d'elle, mine de rien... Après quelques minutes, elle se met à gratter doucement avec la main. Quelques instants plus tard, nous lui donnons le médiator dans la main et approchons encore la guitare : la voilà qui joue en rythme avec les autres ! Une conversation non verbale par excellence !


Suite à notre courte intervention au séminaire, les éducateurs ont changé, ils se montrent plus souriants, ouverts et tentent d'entrer en communication avec nous.

Un artiste peintre, travaillant dans la structure et parlant un peu anglais, vient aux séances. Nous pouvons lui expliquer le pourquoi de chaque jeu : expression libre, concentration, communication... Il traduit ainsi aux autres professionnels qui paraissent intéressés.


Lors de la dernière séance, nous sentons un réel changement : les éducateurs participent activement. Tout le monde se « décoince ». Nous laissons les éducateurs mener eux-mêmes les jeux.

De la sévérité du départ nous ne voyons plus rien, les enfants s'expriment, jouent sur la guitare et chantent les chants appris avec les gestes. Certains demandent à danser au son de la guitare. Tout le monde, y compris les adultes, passe au milieu du cercle, sous les applaudissements !



Nous terminons ces deux semaines ravis d'entendre les enfants redemander nos jeux et satisfaits de voir les éducateurs les mener à bien. Un réel intérêt et une continuité se sont installés, laissant loin derrière le scepticisme du départ. Juste avant notre départ, Ramji, l'éducateur responsable nous dit que nous sommes de bons musicothérapeutes et reprend le terme d' « expression libre » qui nous est si cher. Notre principal objectif est rempli !



Florine et Raphaël,
Dimanche 02/04/2006 à 17h00. 30°
Bénarès (Inde).


De retour en France depuis le 2 Juillet 2006... Tour du monde en Musique d'associations d 'aide a l'enfance.
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