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Carnet de route du Cambodge – Phnom Penh

Du 02 au 16 Octobre 2005


Une des 4 maisons abritant les enfants
Le chemin qui mène au foyer des enfants de la Paix
Au coucher du soleil, on descend le drapeau....
Raphaël repique le riz avec les enfants
Après l'effort, le réconfort est la baignade
Florine et le directeur traduisent la chanson du monde en Khmer
Séance de guitare avec certains grands
Concentration...
Des difficultés pour se faire comprendre lors de la première animation
Tout le petit monde chante !
Certains adolescents jouent des instruments traditionnels
Soirée d'enregistrement des adolescents, comme un concert
Quel bonheur : les enfants sont concentrés, appliqués.
Arrivés au Cambodge, nous nous installons au bord du lac de la capitale Phnom Penh, dans l'une des auberges très bon marché, sur pilotis. Nous y attendons avec impatience la fin de la fête des morts pour rejoindre une association, et tuons le temps en jouant au billard, profitant des hamacs... Beaucoup de citadins rejoignent à cette occasion leur famille dans les campagnes, ce qui ralenti considérablement le rythme de la ville. Quelques problèmes avec notre carte Visa dont on se serait bien volontiers passés remplissent ces journées d'attente...


Nous avons pris contact avec l'association « Agir pour le Cambodge » par email au préalable et avons rendez-vous le 6 octobre avec Frédéric, coordinateur qui nous raconte l'histoire du centre où nous allons intervenir pendant une semaine.


Un pays à construire...


Dans les années 1980, Son Soubert, khmer ayant étudié les sciences politiques en France, décide de soutenir son père Son San dans ses actions d'aide aux réfugiés des camps à la frontière thaïlandaise. Il fait appel à ses anciens camarades de classe, pour fonder l'association française « Agir pour le Cambodge » et crée au Cambodge la « Fondation Khmer pour la paix et le développement ».

De retour dans sa région natale après les désastres des khmers rouges, Son San, achète un terrain de 10 hectare à 40 kms de Phnom Penh, et y accueille des familles devenues sans terre. Très vite, Son San et son fils, tous deux membres du gouvernement, prennent connaissance par l'UNICEF des problèmes de nombreux enfants devenus orphelins suite au génocide. Ils décident la construction d'un orphelinat sur le même terrain.

Cet orphelinat prend en charge aujourd'hui une centaine d'enfants de 6 à 22 ans dont 13 font déjà leurs études supérieures à Bangkok. Son Soubert, appelé ici « Son Excellence », travaille à la constitution cambodgienne, et passe tout son temps libre auprès des enfants (sa seule famille) qui le considèrent comme un père protecteur. Cet homme, tout comme son père décédé il y a peu, est d'une générosité rare.


Nous arrivons à l'orphelinat après une heure de piste en moto-taxi le 07 octobre. Nous sommes en rase campagne, dans un terrain comprenant 4 hectares de rizières, des zébus, des chevaux, des oies, des poulets, des chiens, un singe... L'électricité fournie par des panneaux solaires ne fonctionne qu'une fois la nuit tombée.

A peine arrivés, Phalla, le travailleur social nous présente au directeur interne, ancien directeur de lycée dont la maigre retraite (30$ par mois) ne permet pas de vivre dignement. Nous faisons ensemble la visite des lieux et nous nous installons dans l'infirmerie, qui sera notre chambre.


Découverte de la culture Khmer


En fin d'après-midi, nous entendons un son de cloche : un enfant vient de taper sur le gong car il est l'heure du rassemblement : tous les jours au coucher du soleil, chacun se range par ordre de taille et chante l'hymne du pays pendant qu'on descend le drapeau qui a flotté toute la journée au dessus de la maison principale. Il en est de même le matin au lever du soleil, aux alentours de 6h.

Un peu plus tard, le gong sonne de nouveau : c'est l'heure de la prière. Après avoir quitté ses sandales, tout le monde se rend dans la salle commune à l'étage (qui sert aussi de salle télé le soir) où est disposé un autel avec quelques statues de Bouddha, de l'encens et une bougie. Pendant une demi-heure, les enfants récitent d'une seule voix des prières, mains jointes puis méditent un petit temps dans un silence absolu, avant d'éteindre la bougie. Cette ambiance nous touche beaucoup, tout autant que la discipline et le sérieux des 80 enfants tous âges confondus, souvent sans un adulte. Vient ensuite le temps des informations, nous nous présentons et expliquons ce que nous allons faire pendant notre séjour parmi eux.


A 18h30, on se rend au réfectoire. Fini les baguettes, ici le riz se mange à la cuillère. Le premier soir, nous mangeons avec « Son Excellence » : Son Soubert, qui nous éclaire un peu plus sur la vie du centre. Nous sommes très étonnés car nous mangeons à part des enfants et sommes servis comme des rois : un enfant nous sert le riz, de l'eau, de glaçons... A chaque fois qu'un d'entre eux passe devant nous il se baisse en signe de respect. Pour dire merci ou bonjour, les jeunes, fidèles à la tradition cambodgienne, joignent les deux mains devant la tête en s'inclinant. Nous sommes déconcertés et un peu gênés par tant de politesse, de délicatesse et de respect. Les adolescents sont responsables des plus jeunes et font le travail des grands-frères.


Un passé marquant


M. Soubert nous explique que les enfants s'éduquent entre eux. Trois monitrices aident les plus jeunes pour les tâches plus délicates, mais sur le terrain, ce sont vraiment les plus grands qui s'occupent des plus petits. Chacun lave ses affaires au puits, entretient les locaux, s'occupe des animaux ou de la cuisine... Tant d'autonomie et de responsabilité est vraiment surprenant.


Octobre est la période du repiquage des pousses de riz. Dès qu'ils ont un moment de libre, les enfants se rendent dans les rizières : après que certains aient ramassé et formé des bouquets avec les pousses, les plus petits, nus, portent les bottes aux plus grands qui les replantent. Malgré les efforts que tout le monde fournit pour ce fatiguant travail, les rires et la bonne humeur sont là. Les enfants en profitent pour se baigner dans les canaux d'irrigation à proximité. Dans ce dur travail tout le monde y met du sien : les cuisinières, les monitrices, M. Soubert, même Raphaël se plie en deux pour vivre l'expérience.


D'autres adultes viennent pendant le week-end pour voir les enfants : une ancienne professeur de français vient apprendre la broderie aux filles. Elle nous explique sa douloureuse histoire du temps des Khmers rouges. Elle-même était ancienne camarade de classe de Pol Pot, avant ses dérives idéologiques. Nous nous rendons compte concrètement que toutes les personnes de plus de 15 ans ont vécu des atrocités : des membres de leur famille assassinés, travail forcé, vie dans les camps... Pas moins d'un tiers de la population a été tuée lors de ce génocide.


Ce passé marque encore la population et le respect des jeunes envers les plus âgés en est d'autant plus important. Le traumatisme est général et le pays doit guérir.


Un planning difficile à mettre en place


Nous établissons un planning avec le directeur interne. Le nombre d'enfants étant trop important, nous décidons de nous occuper que des 7 - 12 ans, divisés en 3 groupes de 10 enfants. Ainsi, nous sommes censés avoir nos après-midi remplis de 14h à 17h. Cette organisation semble parfaite mais le directeur, malgré toute sa bonne volonté, comprend mal le français qu'il n'a pas parlé depuis l'école, et les enfants semblent s'être habitués à s'organiser sans lui.

A la première séance, 14 enfants des 3 groupes mélangés sont présents. Nous ne faisons finalement qu'un seul groupe avec les enfants qui veulent bien se présenter à l'heure, chaque jour.


Certains adolescents ont des guitares et nous demandent des conseils : une partie de l'après-midi sera donc consacrée à chanter et jouer avec les plus âgés.

Nous nous rendons compte au fur et à mesure que ce que l'on prévoit avec les adolescents, qui comprennent un peu l'anglais, se met en place plus rapidement que ce qu'on planifie avec le directeur. Nous établissons donc un nouveau planning informel avec ces jeunes.


M. Soubert nous demande si l'on peut initier les plus grands à l'informatique car le centre vient d'être équipé de 7 ordinateurs par des donateurs japonais. Tous les matins nous allions donc l'anglais et l'informatique dans deux cours d'une heure chacun. Les jeunes, âgés de 16 à 18 ans, n'ayant pour la plupart quasiment jamais touché à un ordinateur, c'est une initiation au traitement de texte que nous leur proposons. Contrairement aux animations musicales, ces jeunes sont toujours à l'heure, ils installent tout avant l'heure (mise en marche du groupe électrogène, ouverture de la salle,...). Raphaël est ravi de pouvoir mettre ses compétences d'informaticien à l'oeuvre.


Comprendre la notion de création...


Les premiers jours dans nos animations musicales, le directeur veut nous aider en faisant la traduction auprès des plus jeunes, qui eux ne comprennent pas l'anglais. Très vite, nous voyons qu'il n'arrive pas à comprendre la notion de création et qu'il est plus un obstacle qu'une aide pour nous. En effet, les enfants s'impatientent en attendant la traduction qu'ils ne comprennent pas toujours non plus. Lorsque nous essayons de lui expliquer nos objectifs, nous nous heurtons à l'histoire Khmer : Il nous dit que c'est impossible de créer, que les enfants ne sont capables que d'imiter les choses (alors qu'il vient d'entendre les enfants créer...). Nous ne pouvons faire changer les vieilles habitudes et effacer les traumatismes.

Les méthodes de travail sont différentes, les adultes ne laissent pas les enfants s'exprimer mais utilisent la force pour leur faire répéter sans cesse... Les méthodes militaires ne sont pas loin. Convaincus que tous les enfants ont un potentiel créatif, nous préférons continuer les séances sans lui, ce qui l'arrange également car il a beaucoup de travail !


A l'aide d'un vieux dictionnaire Français / Khmer, d'un peu de vocabulaire prononcé difficilement et de quelques gestes, la communication avec les enfants passe beaucoup mieux. La libre expression est plus facile aussi, du fait qu'il ne sont plus regardés par le directeur, représentant malgré lui l'éducation, la rigueur.

Nous réussissons ainsi à faire une création, sur ce que chacun apprécie au foyer, et à chanter avec eux notre chanson du monde, en Khmer.


Une séance d'enregistrement idéale...


Au centre, certains adolescents jouent des instruments traditionnels, comme les Roniet (sorte de xylophones), les Kong (mini-gongs de différentes tailles, en cercle), le Sampo et le Sko Tom (Tambours), le Salai (Hautbois traditionnel) et les Tcheng (cymbales). Tous les jours, ils s'entraînent pendant des heures.

Pour leur faire profiter aussi de notre présence, nous convions tout le monde un soir dans la grande salle pour les enregistrer. Nous en profitons pour enregistrer aussi d'autres jeunes qui accompagnent leurs voix de la guitare et du piano numérique.

Cette soirée d'enregistrement se déroule comme un concert où les plus petits écoutent attentifs et admiratifs les plus grands. Le lendemain quand nous expliquons aux petits que cela va être leur tour de chanter dans le micro avec le casque, ils ont les yeux qui brillent. Le jour J, comme par magie, les 30 enfants sont présents et tous connaissent la création et la chanson du monde, alors que certains n'ont jamais participé à l'atelier !


Pendant 1h nous travaillons sans problème... Aucun enregistrement ne s'est aussi bien passé jusque là. Quel bonheur que de ne pas faire de la discipline : les enfants sont concentrés, appliqués.


Le Cd enregistré que nous écoutons le dernier soir est ponctué par des éclats de rire et applaudissements, tout comme les photos que nous projetons ensuite. Ce très bon public nous fait plaisir tellement leur joie est visible !



Nous quittons les lieux le lendemain, vendredi 14 octobre. Certains sont là et nous saluent une dernière fois, les mains jointes en s'inclinant, ce à quoi nous répondons de la même manière.



Ces moments partagés avec ces enfants auront été pour nous très agréables, apaisants dans un si beau cadre, avec des enfants à la fois respectueux et enthousiastes. Malgré leur grand nombre, tous semblent heureux de vivre là. Nous avons croisé plusieurs fois un grand sourire sur un visage, après avoir surpris un enfant à chanter à tue-tête « Yeung khmeng khmeng kan day khie, Roam chum vinh pèn dey » (Une Ronde d'enfants autour de la Terre en Khmer).


Des sourires gravés dans nos coeurs !



Florine et Raphaël,
Dimanche 16/10/2005 à 12h00. 33°
Phnom Penh (Cambodge).


De retour en France depuis le 2 Juillet 2006... Tour du monde en Musique d'associations d 'aide a l'enfance.
Plan du site - www.ronde-enfants.com 2004 - Création site internet : Fa7 / Charade concept - Modifie le 21/05/08
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