Une ronde d'enfants autour de la terreUne ronde d'enfants autour de la terre
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Carnet de route du Brésil - São Paulo

Du 3 au 24 Avril 2005



Le sitio des garçons, perdu au milieu de la forêt










Jeferson et Brisa, la chienne du sitio



La tablée des 11 meninos




Coucou de Stefany pendant la poterie









Confection d'une fresque 'nature'... avec feuilles d'arbres



Initiation à l'ordinateur, en écrivant les paroles des chants












Jeux musicaux du soir, chez les filles










Gabriel écoute sa voix en riant


Nous arrivons à la gare de São Paulo le dimanche 3 avril, et un moniteur vient nous chercher pour nous conduire au « sitio » (foyer) des filles où tous les enfants sont réunis pour sortir au parc. Nous rentrons ensuite au sitio des garçons, loin de tout dans la profonde forêt de la banlieue Paulista, qui sera notre lieu de vie pour trois semaines.


L'association ADMER


L'association France-Brésil, avec laquelle nous avons pris contact avant notre départ, soutient l'ADMER, « Associação de Defensa do Menor da Rua », crée en 1983 par une Brésilienne en ouvrant un centre d'accueil de jour. Aidée financièrement depuis son origine par des organismes Français, l'association s'est élargie et a ouvert un sitio pour garçons, et fin 2004 un autre foyer pour filles.
Seize employés et quelques bénévoles travaillent autour de seize enfants âgés de 6 à 12 ans : assistante sociale, cuisinières, moniteurs, coordinateurs... Malheureusement, aucune formation d'éducateurs spécialisés ou d'animateurs n'existe au Brésil. Les moniteurs réagissent par conséquent « comme ils le sentent » pour éduquer ces enfants difficiles, et cela vient, même en relativisant, remuer nos acquis d'animateurs BAFA... Ils n'organisent aucune activité faisant appel à l'imagination ou à la créativité de l'enfant et ont une notion de la sécurité et du rythme de l'enfant toute particulière.


La Force de vivre des enfants


Ces enfants issus des « favelas » (bidonvilles), ont des histoires difficiles et leur entrée à l'ADMER, prononcée par le juge, est motivée par une vie en danger. Personne n'est censé savoir exactement où se trouve ces sitios, pour garantir leur sécurité. Ces lieux de vie sont adorables, dans un cadre idéal pour des enfants (paysage, tranquillité) et les bâtisses très bien faites (propres, claires et entretenues). En bref, un endroit parfait pour qu'un enfant s'épanouisse dans de bonnes conditions, au milieu de chiens, chat, poules et potager !


Leur vie quotidienne est faite de repas pris en commun (La Feijoada, riz aux haricots rouges parsemé de farine de manioc), de l'entretien du foyer, de jeux dans le grand jardin, de télévision et de bagarres, qui sont relativement courantes... Presque tous vont à l'école le matin ou l'après-midi suivant leur niveau, et participent à un club de sport. Cela peut paraître normal pour les occidentaux que nous sommes, mais c'est énorme pour un enfant qui n'est jamais monté dans une voiture, n'a jamais mangé ailleurs qu'à côté du chien, ou ne met jamais de chaussures. Une fois par mois, ils rencontrent leur mère, pour ceux qui en ont encore une. C'est toujours un moment délicat et très émouvant pour les enfants comme pour ces mères, parfois encore plongées dans la drogue ou la prostitution.


Des traumatismes dans leur vie antérieure (voir son père être assassiné par son oncle, ou être frappé par sa mère...) ont causé chez ces enfants des troubles psychologiques, et les crises de nerfs ou de violence à l'école comme au sitio ne sont pas rares. Quand la frustration n'est pas là pour leur faire revivre une mauvaise expérience du passé, ils sont tous pleins de vie, serviables et demandent beaucoup d'amour et de câlins.
C'est avec effroi que l'on apprend au fil des jours le passé déjà lourd de tel ou tel enfant. Certains ont vécu les pires conditions qu'un enfant puisse connaître accumulées (la liste est longue : trafic et usage de drogues, exploitation, abus sexuels, prostitution, crime, violence, travail,... ). Après tout cela, on se demande comment ils peuvent continuer à vivre avec l'espoir d'un monde meilleur !


Après avoir dépeint le tableau de l'institution, notre travail et nos difficultés auprès de ces enfants est plus compréhensible.


Stimuler la créativité


Dans nos premiers jours au sitio, nous essayons, avec difficultés, de comprendre le programme et le langage en observant ce qui se passe. Nous faisons avec Miguel, coordinateur, le planning d'animations musicales : deux groupes de 8 enfants chacun, dont un avec les 5 filles. Nous ferons alternativement un groupe par jour. L'horaire est fixé à 18h30, heure où les enfants sont rentrés des activités et avant le repas du soir.


Bien sûr, nous ne pouvons nous faire à l'idée de ne rien faire le reste de la journée avec les quelques enfants présents (ceux qui vont à l'école le matin), alors nous mettons en place d'autres activités pour stimuler leur créativité. Avec le peu de matériel dont nous disposons, ce n'est pas facile, mais nous arrivons quand même à faire de la poterie avec l'argile du jardin, une fresque en dessin, divers bricolages en papier, des promenades, des jeux de cartes, des chanson et jeux sur la guitare...


La deuxième semaine, nous décidons de fabriquer un livre de chants traditionnels brésiliens avec illustrations. Nous disposons d'un livre semblable en Français, fabriqué par l'école Saint Claude la Colombière avant notre départ. Nous initions les enfants à l'ordinateur en leur faisant taper les paroles des chansons. Tous s'en donnent à coeur joie, même ceux qui ne savent pas écrire et pour qui c'est un jeu de chercher les lettres sur le clavier. Igor par exemple, qui refuse d'aller à l'école et donc d'apprendre à lire et à écrire, demande tous les jours à refaire un peu d'ordinateur ! Les élèves de l'école citée précédemment ont également écrit une lettre pour les enfants du sitio qui se sont fait une joie d'y répondre.


Un peu seuls...


Un point pas très encourageant : depuis le premier jour, l'équipe de moniteurs (un peu en crise de personnel et donc bien occupée en ce moment, il est vrai) ne s'intéresse pas à nos activités, et ne manifeste aucune curiosité à notre égard. Personne ne fait l'effort de nous expliquer ce qui se passe à tel moment, où vont les enfants... etc... Heureusement, les enfants qui nous appellent 'Tia' et 'Tio' (tante et oncle), sont motivants et demandeurs pour jouer avec nous.


Nathalie et Henri, deux belges s'occupant de la direction de l'association et vivant au pays depuis 30 ans, nous sont d'un grand réconfort en nous expliquant le passé de l'ADMER et des enfants. Nous profitons des deux journées passées chez eux (à deux heures en métro du sitio) pour poser toutes nos questions restées sans réponses, changer d'air et nous connecter à internet. Ils sont heureux d'avoir des personnes un peu plus qualifiées que les moniteurs, pour faire un rapport sur la vie quotidienne du lieu et sur les enfants. Ils nous félicitent aussi pour notre travail, ce qui fait du bien à notre ego, avide de sentir l'utilité de notre présence !


Faire de la musique... tout un art...


Le premier soir, ceux qui ont conscience qu'ils appartiennent au « monde » sont très impressionnés et ouvrent de grands yeux lorsque l'on explique notre projet. Nous réajustons les groupes dès la deuxième séance selon les caractères et aspirations de chacun. Nous prendrons Fabiano et Jeferson, difficiles en groupe, seuls dans un troisième groupe.
Les enfants sont enthousiastes pour chanter et inventer une chanson : Le premier groupe des garçons choisi un rap sur les villes du Brésil, l'autre groupe avec les filles un chant sur les Sitios et nos deux compères expliqueront la vie de leurs peluches favoris.


Les séances ne sont pas faciles à mener sans l'aide des moniteurs avec ces enfants perturbés, qui ont des difficultés à rester en place dont on ne comprend pas la langue. Le calme nécessaire pour expliquer les consignes est difficile à obtenir après des moments de libre expression, notre objectif. Bruna crie sur Camila parce qu'elle pense à haute voix, cette dernière ne se laisse pas faire et réagit en tapant sa camarade, qui riposte... Camila pleure, puis s'en va en claquant la porte. Francielle part dernière elle la chercher en courant... Des disputes d'enfants nous direz vous... à la seule différence qu'il est impossible de se faire comprendre et donc d'intervenir ici.
D'autres enfants plus timides ont du mal à s'exprimer car les plus âgés se moquent d'eux. Nous ne comprenons pas assez le portugais pour faire toujours rétablir l'ordre. L'heure passe donc très vite et nous ne pouvons faire que peu de chose car leur attention n'est présente que quelques minutes.
Autre petit problème : les filles viennent au sitio des garçons pour la musique. Ceux-ci les observent à travers la fenêtre pendant l'activité et les filles n'osent plus chanter... Finalement, nous demandons d'aller chez les filles faire la musique !


Au moment de l'enregistrement, nous prenons les enfants un par un, après avoir tenté de les faire chanter ensemble. Seuls, ils sont plus calmes et parviennent plus facilement à se concentrer. Certaines réactions spontanées jaillissent quand ils s'écoutent : ils s'écrient :« C'est moi ? », sourient jusqu'aux oreilles ou encore se jettent dans nos bras pour nous remercier en faisant un câlin.
Nous faisons un spectacle le dernier dimanche afin de réunir l'ensemble des membres de l'association et personnes au contact des enfants et de revaloriser ces derniers face à un public qu'ils connaissent. Nous sommes satisfaits de constater que les enfants sont fiers de chanter devant tout ce monde intéressé. Nous sommes contents de finir sur cette belle fête où nous voyons l'importance de notre action et l'enthousiasme de la direction. Cette dernière prend en compte notre rapport, et envisage de former des moniteurs pour un meilleur travail avec les enfants.


Cette expérience nous aura montré qu'il est difficile pour nous de mener à bien les animations quand les encadrants sur le terrain ne nous appuient nullement et ne portent aucun intérêt à notre intervention. C'est la première fois que nous avons pu partager la vie quotidienne des enfants et nous avons été très contents de cela.


La force de vivre et d'oublier le passé de ces enfants est une leçon que nous retiendrons.



Florine et Raphaël,
Dimanche 24/03/2005 à 10h30. 30°
São Paulo (Brésil).

De retour en France depuis le 2 Juillet 2006... Tour du monde en Musique d'associations d 'aide a l'enfance.
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