Une ronde d'enfants autour de la terreUne ronde d'enfants autour de la terre
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Carnet de route du Sénégal - Kaolack

Du 18 Décembre 2004 au 02 Janvier 2005















Ile de Gorée











Balade en pirogue dans les mangroves




Pape et Raphaël en plein rythme 'Mandiak'













' ..., Dioyenagne bateau le Joola '






Enregistrement de Binta


« Donne moi un cadeau »


La deuxième association que nous projetons de visiter au Sénégal se situant à Kaolack, nous décidons de nous arrêter à Dakar (sur la route) le temps d'un week-end pour régler quelques affaires.
Nous sommes très vite désagréablement surpris par cette ville où les prix sont exorbitants et où l'on (les « toubabs » : blancs, à 90% touristes) est interpellé tout les 100m. Adieu paisible ville de St Louis ! La nostalgie est un peu là... Ici, nous ressentons le revers de la médaille du tourisme de masse et des flots de visiteurs aux manières de faire particulières. Où est passé l'accueil si chaleureux des africains ? Nous avions déjà senti cela à St Louis à notre arrivée mais cela s'était estompé. Des enfants nous assaillent et répètent sans cesse : « Donne moi un cadeau ! », « Donne moi 100F ! », « Toubab, donne moi un bic !». Tous sont persuadés que l'on a dans nos poches des stylos à distribuer, tout objet qui en sort est prisé. Pour les adultes, le moindre contact semble intéressé : ils commencent par nous demander notre ville d'origine, puis « C'est la première fois au Sénégal ? », « Et c'est bon ? », pour en finir avec « J'ai une petite galerie d'art, viens y jeter un oeil, même si tu ne veux rien acheter ! » ou « Je suis guide officiel, je peux t'aider gratuitement. ». Il est lassant, voire épuisant à la longue, d'inventer des stratagèmes les plus divers pour s'en défaire. Ces personnes se moquent bien de qui l'on peut être ou ce que l'on vient faire ici, ce qui les importent est l'argent qu'ils peuvent tirer de nous. Dans cette capitale, on en vient même à être surpris quand quelqu'un ne nous demande rien. Alors, vous qui voyagez, arrêtez de distribuer des cadeaux à la pelle, ça tue les relations et l'image de l'Europe ! Ce sont des choses dont on ne se rend pas forcément compte en restant une semaine à Saly par exemple (ville de touristes presque entièrement).


Le dimanche, toutes les administrations étant fermées, nous nous échappons de cette cohue pour visiter la fameuse Ile de Gorée. Cette journée sera très appréciable par la beauté de l'architecture, l'eau turquoise et le calme relatif régnant sur l'île... Nous visitons le musée qui retrace l'histoire du pays et de l'esclavage.
Le lendemain, nous nous rendons à l'ambassade de Guinée pour y obtenir notre visa, mais les démarches sont complexes et il faudrait attendre encore au minimum trois jours pour pouvoir se le procurer, si toutefois il nous était accordé ! Trop d'incertitudes et nous n'avons pas du tout envie de rester trois jours de plus dans cette ville où notre budget double. Nous disons donc « Au revoir » à la Guinée et partirons directement au Mali. Le soir même, nous allons chercher un colis de Noël envoyé par nos familles à l'aéroport ... Les papillottes nous apportent un peu de réconfort... Ouf...
Nous sommes soulagés de quitter Dakar et espérons que Kaolack nous réconciliera avec le Sénégal.


La vie d'artiste


Dès notre arrivée, nous contactons Ass Lam qui s'occupe de l'association MERE. Des jeunes rencontrés à Nouakchott nous ont conseillé cette association qu'ils partaient rejoindre. Ass a également entendu parlé de notre projet par ces mêmes personnes et attendait de nos nouvelles. Nous nous entretenons avec lui afin de savoir dans quelles mesures notre intervention est possible et visitons rapidement la ville. Il part fêter Noël à Dakar, nous commencerons donc dès son retour le dimanche 26 décembre. Nous sommes un peu déçu de ne pas pouvoir fêter Noël avec les enfants.
Nous profitons de ces quelques jours pour visiter les Iles Saloum, à Badoudou, 50 km au sud de Kaolack. Le trajet se fait en taxi-brousse puis en charette tirée par un cheval. Là-bas, nous rencontrons Bouba et sa famille qui tient un campement. Nous faisons un tour en pirogue (il faut enlever l'eau car elle fuit) à l'intérieur des superbes mangroves puis nous nous baignons dans ce bras d'océan. Cette petite excursion nous fait apprécier de nouveau le pays et ses habitants.


Les jours suivants, nous retrouvons les amies qui nous ont porté le colis à l'aéroport. Professionnelles de la musique, elles sont venues jouer de la harpe avec un musicien de Kaolack : Pape, qui joue de la Kora. Logeant dans le même centre que nous, nous avons la chance d'assister à leurs répétitions. Nous restons quelques jours avec eux et rencontrons des amis de Pape, ce qui nous permet de découvrir le milieu très intéressant des artistes sénégalais. Le 25 décembre, jour de Noël, est donc passé en leur compagnie, chez Moussa, où nous dégustons un délicieux repas franco-japonais à la sénégalaise !
Nous faisons aussi la connaissance de Pape Seck, percussionniste professionnel, avec qui Raphaël se fera une joie d'apprendre les rythmes (et chants) sénégalais et mandingues au djembé chaque jour, jusqu'au dernier, dans cette ville.


L'association MERE


L'association MERE (Mutuelle des Enfants des Rues et des Exclus) met en place des parrainages pour les enfants issus de famille défavorisés, au niveau sanitaire et scolaire. Les parrains sont français ou sénégalais. Le soutien français provient de l'association JPS (Jeunes Pour le Sénégal) basée à St Etienne. Pour la santé, MERE fonctionne à la manière des assurances : pour chaque enfant, une cotisation annuelle est mise en commun, jouant sur le principe que tous ne sont pas malades simultanément. Ce type de mutuelle marche bien, et permet, à ce jour, de prendre en charge 153 enfants de Kaolack.
Ass a regroupé, pour nos animations, dix enfants (quatre filles et six garçons), membres de l'association. A sa demande, le directeur du centre culturel régional nous prête les locaux pour chaque jour de la semaine, de 15h30 à 18h. Comme en France, les enfants sont en vacances jusqu'au lundi 3 janvier, nous nous arrêterons donc le 1er. Tous les jours, nous jouerons de la musique avec eux pendant un peu plus d'une heure, suivie de petits jeux (tournoi de basket...). Beaucoup de spectateurs (parfois plus d'une vingtaine), des enfants du voisinage, se joignent à nous pour chanter.


« Gnoune Khaleye Sénégal, Dioyenagne bateau le Joola »


Nous proposons aux enfants de créer une chanson dont ils choisiraient le thème. Nous sommes agréablement surpris de les voir arriver le lendemain avec les paroles déjà écrites : Ils se sont regroupés après notre intervention pour inventer le texte. Cela nous fait plaisir de voir leur sensibilité et créativité. Le thème qu'ils ont choisi est celui du naufrage du bateau « Le Joola », le 23 septembre 2002 . Cette histoire a beaucoup marqué le Sénégal et par là même les enfants: Il s'agit d'un bateau de marchandises qui faisait le trajet de Dakar à Zinguinchor (Casamance) et transportait également un peu de passsagers. Un jour de mauvais temps, alors qu'il était trop chargé : 1900 personnes à bord au lieu des 560 prévus, il a chaviré. Il n'y a eu que 30 rescapés car les gens étaient tous sous les calles, à cause de la tempète. La plupart étaient des habitants sénégalais, de tous les milieux sociaux : étudiants, ingénieurs, équipe de foot, musiciens,... Nous composons donc une musique appropriée à leur paroles et leur proposons. Les séances de musique ont une pointe de mélancolie.


Les enfants demandent également d'apprendre un chant français, nous choisissons « Dans la forêt lointaine » car les paroles ne sont pas trop compliquées. Les enfants parlent le wolof et ne comprennent que très peu le français, langue officielle, qu'ils apprennent à l'école. Ass se charge de faire la traduction.
Chaque jour, nous répétons les chansons apprises et ainsi, le jour de l'enregistrement qui a lieu dans une maison en construction (plus calme qu'au centre cuturel), les enfants sont bien préparés. Nous enregistrons aussi le refrain de notre chanson « Une Ronde d'Enfants autour de la Terre », préalablement traduit et appris en wolof, à la suite de la version arabe.
Le dernier jour est consacré à une petite fête où nous écoutons le CD enregistré ensemble, expliquons le site internet, regardons les photos, tout cela en buvant des sodas.


Bonne année 2005 !


Les enfants ont fêté le jour de l'an dans leur famille. Pour notre part, nous avons passé la soirée avec Pape Seck, « prof de percus » de Raphaël. Il y avait un concert en ville, où Pape n'a pu s'empêcher de monter sur la scène jouer quelques instants du Sabar, suivi à minuit d'un feu d'artifice tiré à la main depuis le balcon de l'hôtel de ville. Celui-ci s'est avéré assez comique, puisque certains explosifs sont partis à l'intérieur même de la mairie, et d'autres sont allés mettre le feu au jardin du gouverneur, en face... Bref, inutile de vous dire que nous avons bien ri pendant les première minutes de 2005 !


Notre séjour s'achève après une quinzaine de jours vécus dans cette ville.
Nos impressions sur le Sénégal et plus généralement sur l'Afrique et ses habitants n'ont cessé de changer et d'évoluer au fil des jours. Il est vrai qu'il n'est pas toujours évident pour nous, occidentaux hyper-actifs, de comprendre cette mentalité, et nous oscillons entre énervement, lassitude et bonheur, selon le nombre de « Donne moi un cadeau » ou de bons moments passés avec les enfants dans une journée.



Florine et Raphaël,
Lundi 3/01/2005 à 16h30. 31°
Tambacounda (Sénégal).



De retour en France depuis le 2 Juillet 2006... Tour du monde en Musique d'associations d 'aide a l'enfance.
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